Auteur : S.Gargouri Sethom
Ed :1994
Dimension : 22 x 30 cm
Nombre de pages : 176 pages
Langues : Français

Faire le guide des arts populaires est une mission bien délicate.

Les arts populaires ne se réduisent pas à un ensemble d'oeuvres que l'on classe et étudie une fois pour toutes selon des critères scientifiquement définis. Ils sont la projection sur la matière d'une culture dans toute sa complexité et forment, de ce fait, un tout aux éléments solidaires et en perpétuelle évolution.

S'il est vrai que les objets sont créés pour répondre aux besoins de l'honnme, il est tout aussi vrai qu'ils épousent des formes et portent des décors ou plus exactement des messages par lesquels les membres d'une même communauté communiquent entre eux. Ceci explique la remarquable unité qui caractérise les arts populaires tunisiens que l'on se trouve au nord du pays, au sud, à l'est ou à l'ouest. Les paysages ne sont pas uniformes et la nature ne fournit pas partout les mêmes matériaux. La main qui façonne l'objet, accomplit quant à elle, des gestes et reproduit des modèles forgés par des siècles d'histoire. Conmment s'étonner dès lors que le plat en céramique, brun vert et jaune découvert par les archéologues dans le site de Raggada près de Kairouan, rappelle comme un frère jumeau, un tebsi que le potier de Nabeul fabrique sous nos yeux?

Les siècles passent, I'homme évolue mais les croyances bravent le temps et peuplent des mêmes signes la couverture de la paysanne, la tenture du soyeux et les tableaux "abstraits " des peintres d'aujourd hui.

Ainsi, malgré l'absorption de la Tunisie par le monde moderne niveleur des différences, le Tunisien qui oublie un moment la machine pour travailler de ses mains la matière, se réfère inconsciemment au laboratoire où des siècles durant, s'est forgée sa culture.

En Tunisie comme dans tous les pays de vieille culture, les femmes et les hommes ont de tout temps transformé les ressources naturelles de leur pays pour se nourrir, se vêtir, se loger, puis pour raffiner leur nourriture, embellir leurs vêtements et décorer leurs intérieurs.

Le partage des tâches s'est fait de manière équilibrée et complémentaire entre les hommes et les femmes, les citadins et les ruraux, chacun imprégnant de sa personnalité propre le secteur relevant de sa compétence.

Il s'est créé ainsi des arts féminins et des arts masculins différents dans leurs expressions, même quand ils utilisent des supports identiques.

Les arts populaires deviennent de ce fait d'une richesse et d'une complexité telles qu'aucun secteur ne peut être considéré comme définitivement étudié.